Au milieu de mon cours, les élèves se mettent au travail pour réaliser un exercice que je viens de leurs donner. Le calme est présent au sein de la classe (ça arrive de temps à autre), un élève m’interpelle :
- L’élève : "Tenez monsieur." Le tout en me tendant un stylo.
- Le prof : "C’est quoi." Sachant que je vois bien qu’il s’agit d’un stylo, mais je ne comprends pas pourquoi il me le tend.
- L’élève : "Bin, c’est un stylo." L’élève me tend toujours le stylo.
- Le prof : "Je vois bien que c’est un stylo, mais pourquoi tu veux que je le prenne." Je me méfie, je ne le prends pas.
- L’élève : "C’est pour vous, c’est un cadeau."
- Le prof : "Un cadeau ? Mais pourquoi ?"
- L’élève : "Comme ça, j’avais envie de vous faire un cadeau." Je prends malgré tout le stylo et l’ausculte sous toutes ses coutures. "J’ai rien fait, c’est un stylo normal."
- Le prof : Un peu sans voix, car inattendu. "Merci beaucoup."
Ce stylo est particulier, car lorsqu’on écrit avec, il s’éclaire. Ah la modernité …
L’élève en question se met au travail. La fin de l’heure de cours arrive, je demande à l’élève de venir me voir, le reste de la classe sort peu à peu de la salle.
J’ouvre mon tiroir de confiscation, et lui donne un bonbon. L’élève est tout content. Je lui précise qu’il ne doit pas le manger dans le couloir. Il le mange donc directement dans ma salle.
Je vous rassure, ce bonbon n’était pas périmé !
Visiblement cet élève m’apprécie pour donner son stylo, comme ça, sans raison apparente. Par contre, ce qui m’irrite dans ce sujet, c’est la méfiance qui est en moi. Car je ne crois jamais un élève, surtout lorsqu’il a de bonnes intentions.
Photo : Eglis St Séverin, Paris.